La Mère de Dieu Bénissante
se trouve déjà dans l’Annonciation du Codex Rabbulensis et dans celle du
Manuscrit syriaque de Paris 33. Cette Hodigitria de type syrique a été
diffusée en Italie par des colonies syriaques transfuges. A Rome il en
existe deux représentations célèbres:
- Sancta Maria Antiqua (Ve – VIIe
siècle). Transition de la Mère de Dieu du Sinaï à l’Hodigitria
bénissante. - Salus Populi Romani, à Sainte Marie Majeure.
La couche visible est datée
du IX siècle. Cette icône fut propagée dans tout le monde chrétien,
jusqu’en Chine et en Ethiopie, par les missionnaires Jésuites.
Au Liban, nous en avons
plusieurs représentations à partir du XVIe siècle : Saïdet et-Talleh
à Deir El-Qamar; Saïdet el-Hosn à Akkar; Saïdet el-Bawabé à Jbeil, Saïdet
el-Abrage à Ghazir. Une copie de petite dimension se trouve à l’Université
St-Esprit Kaslik, ect… La composition de Notre-Dame d’Ilige a été remaniée
au cours des âges pour tenter de la conformer à la Salus Populi
Romani.
La découverte de diverses
couches picturales - dont l’originale - sur la toile de Notre-Dame d’Ilige
est un évènement primordial pour l’histoire de l’iconographie
syro-maronite. Les données fournies par les remaniements successifs du
Tableau éclairent une période iconographique demeurée dans l’ombre faute
de documents. Dorénavant, Notre-Dame d’Ilige peut relayer le Codex
Rabulensis (sixième siècle) dans sa fonction de « témoin »
culturel-historique des origines. A elle seule, la mère de Dieu d’Ilige
résume une période iconographique allant du dixième siècle à nos
jours.
L’histoire d’Ilige demeure
vague. Le plus ancien témoin écrit est daté de 1120.
Flanquée des
personnifications du Soleil (Hélios) et de la Lune (Sélène), Notre-Dame
d’Ilige constitue une variante intéressante de l’Hodigitria syriaque,
attestée dans la région syro-édessienne dès le début du Xe
siècle.
Comme pour les Hodigitrias
antiques, la composition de Notre-Dame d’Ilige repose sur la structure en
forme de X (de Xristos).
10e - 13e
siècle:
- Des repeintes au niveau des
visages et autres parties détériorées. La composition originale est
respectée.
Au Moyen-Age:
Remaniement complet de la
composition. Influence bysantine.
- Les pigments utilisés et la
technique révèlent un milieu monastique encore habitué aux
enluminures.
14e
siècle:
- Nouveau remaniement. On constate
une technique locale et une ignorance de la tradition propre.
15e – 16e
siècle:
- Quelques repeintes disséminées,
sans doute pour restaurer des endroits détériorés.
17e
siècle:
- Nouveau remaniement pour
conformer la composition avec La Madonna Salus Populi Romani.
- A la fin du siècle: Quelques
repeintes pour restaurer des endroits détériorés, essai de conformité avec
La Madonna della Strada.
18e
siècle:
- Remaniement complet de la
composition suivant un goût local occidentalisé. Influence géorgienne. A
la fin du siècle et au début du 19e: Quelques
repeintes.
Il y a donc eu cinq
remaniements importants et huit repeintes ou retouches ponctuelles au
moins.
Après les investigations et
le travail méticuleux de démantellement des couches postérieures non
intéressantes, la restauration picturale a reconstitué la composition
originale avec la même technique et les pigments naturels repérés sur
l’œuvre.
Noter que la Toile est la
propriété du Monastère Notre-Dame de Mayfouq, Ordre Libanais
Maronite.
Père Abdo
BADWI O.L.M
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